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Vitiligo : qu’est-ce que c’est et comment le traiter

7 min

Relativement fréquente, le vitiligo est une maladie de la peau qui se manifeste par l’apparition de taches blanches bien délimitées et sans relief sur le visage, les extrémités, les articulations ou encore les parties génitales. Selon le site de l’Inserm, elle toucherait entre 0,5 et 1 % de la population mondiale, hommes, femmes, enfants, et tous phototypes confondus. Causes, traitements, maquillage correcteur… Cet article résume tout ce qu’il y a à savoir sur le vitiligo.

Vitiligo : qu’est-ce que c’est et comment le traiter
Sommaire

Quelles sont les causes du vitiligo ?

Le vitiligo est une maladie complexe dont l’origine est souvent multifactorielle, liée à des facteurs génétiques et non génétiques. Il découle d’une disparition progressive des mélanocytes, les cellules responsables de la pigmentation de la peau, et la cause de cette disparition est encore méconnue, même si différentes théories existent : l’origine auto-immune, l’origine psycho-affective ou encore l’accumulation de radicaux libres.

Le vitiligo et l’hérédité

Même si des prédispositions familiales existent (selon l’Association Française du Vitiligo, entre 30 % et 35% des patients ont au moins un proche du premier ou du deuxième degré atteint), le vitiligo n’est pas une maladie héréditaire. Les parents peuvent transmettre un terrain qui, éventuellement, prédispose leurs enfants à la maladie, mais pas la maladie en elle-même. 

Le vitiligo et le système immunitaire

La disparition des mélanocytes est dûe à une réponse exagérée du système immunitaire. Le vitiligo fait donc partie des nombreuses maladies auto-immunes touchant la peau (lupus érythémateux, dermatomyosite etc.), et il n’est pas rare qu’il soit associé à d’autres troubles liés au dysfonctionnement du système immunitaire (maladie thyroïdienne, polyarthrite rhumatoïde, diabète de type 1, pelade etc.)

Le vitiligo et le stress

Même s’il n’en est pas la cause principale, le stress peut favoriser l’apparition et/ou l’aggravation du vitiligo. Il peut s’agir d’un stress psychologique (choc émotionnel, accident etc.), physique (frottements, coup de soleil etc.) ou encore physiologique (maladie, opération chirurgicale etc.).

Le vitiligo et le stress oxydatif

Le stress oxydatif joue un rôle important dans la destruction des mélanocytes (les cellules responsables de la pigmentation de la peau) et une altération de l’équilibre radicaux libres/antioxydants serait un mécanisme possible du vitiligo. Selon plusieurs études scientifiques récentes (1,2 et 3), les personnes atteintes de cette maladie présenteraient, en effet, une quantité anormalement élevée de radicaux libres qui entraînerait une autodestruction des cellules.

Quelles sont les deux formes de vitiligo ?

Il existe deux types de vitiligo : la forme ségmentaire, qui touche une zone unique de la peau, et la forme généralisée, la plus fréquente, qui peut apparaître sur tout le corps de façon plus ou moins symétrique.

Le vitiligo ségmentaire

Très localisé, le vitiligo segmentaire touche une zone unique, de façon unilatérale. Le visage est le plus souvent touché, mais les taches blanches peuvent se voir sur n’importe quelle partie du corps. Selon le site grand public de la Société Française de Dermatologie, c’est un aspect qu’on observe particulièrement chez les enfants, avec une expansion rapide des lésions puis un arrêt soudain de la propagation.

Le vitiligo généralisé

Aussi appelé « vitiligo vulgaire », le vitiligo généralisé peut atteindre plusieurs zones du corps plus ou moins étendues. Les plaques se développent de façon bilatérale et symétrique, et leur évolution est très variable au cours du temps. Le visage, les mains et les pieds sont généralement touchés en premier, avec une possibilité de propagation des taches sur l’ensemble de la peau (on parle alors de « vitiligo universel »). 

Trois stades évolutifs sont décrits pour le vitiligo généralisé :

  • Stade 1: les taches sont peu pigmentées avec persistance de quelques mélanocytes au niveau de l'épiderme.
  • Stade 2 : les taches sont totalement décolorées avec poils noirs.
  • Stade 3 : les taches sont totalement dépigmentées avec poils blancs.

Comment traiter le vitiligo ?

En fonction du type de vitiligo, de son activité et des demandes du patient, le dermatologue peut être amené à proposer différentes options thérapeutiques, à suivre seules ou de manière conjointe, dont les objectifs seront de stopper la progression des taches, induire la repigmentation et prévenir les récidives. À l’heure actuelle, il n’existe pas de traitement qui guérisse définitivement du vitiligo.

Les traitements locaux du vitiligo

Les dermocorticoïdes et les immunosuppresseurs (tacrolimus et pimercrolimus) en application locale sont indiqués essentiellement dans les vitiligos peu étendus. Ils agissent en diminuant l’activité du système immunitaire, ce qui a pour effet de stopper la disparition des mélanocytes, tout en favorisant la repigmentation.

Pour éviter les effets indésirables fréquents des dermocorticoïdes, qui sont les risques d'atrophie cutanée et une dilatation anormale des petits vaisseaux (télangiectasies), ils sont prescrits sur une durée assez courte, et uniquement pour traiter des lésions peu étendues.

La photothérapie UVB à spectre étroit

La photothérapie UVB à spectre étroit est aujourd'hui le traitement de choix du vitiligo généralisé. Réalisée en cabinet médical, cette thérapie induit une immunosuppression locale et stimule la production de mélanine, à raison de deux à trois séances par semaine pendant plusieurs mois. 

La puvathérapie

La puvathérapie associe la prise orale de psoralènes, substances qui stimulent la formation de mélanine sous l’action de la lumière, et les rayons ultraviolets de type A (les UVA). Elle est de moins en moins prescrite en raison de ses nombreux effets secondaires (brûlures, prurit, sécheresse cutanée, nausées etc.) mais elle peut être préconisée par le dermatologue en cas de réponse non satisfaisante à la photothérapie UVB à spectre droit.

Les antioxydants

En complément d’une photothérapie, les antioxydants oraux et topiques, en luttant contre le stress oxydatif, peuvent prévenir la progression du vitiligo, freiner son évolution et aider à obtenir une repigmentation satisfaisante.

Les traitements chirurgicaux du vitiligo

Pour les vitiligos localisés, stables depuis plusieurs années et qui ne répondent pas aux autres options thérapeutiques, il est possible d’avoir recours à un traitement chirurgical sous forme de greffe tissulaire ou cellulaire. Il existe différentes techniques (transfert de toit des bulles, greffes mélanocytaire, greffes ultraminces de peau etc.) et les résultats peuvent varier d’un individu à l’autre, avec plus ou moins de satisfaction. 

Le laser dépigmentant

Dans le cas d’un vitiligo universalis qui toucherait la quasi-totalité du corps, et lorsque les thérapies de repigmentation n’ont rien donné, une dépigmentation des zones saines au laser peut être proposée afin de retrouver une apparence uniforme. De par son côté définitif (les mélanocytes sont détruits), cette solution demande réflexion. La peau dépigmentée étant beaucoup plus sensible au soleil, une routine de protection (vêtements, produits solaires, temps et durée d’exposition etc.) doit être mise en place pour prévenir les coups de soleil et les risques de cancers de la peau.

Comment camoufler le vitiligo ?

En complément d’un traitement médical pour stopper l’évolution du vitiligo et induire la repigmentation, des techniques de camouflage plus ou moins longue durée peuvent être employées pour améliorer la qualité de vie des patients.

Le maquillage pour masquer le vitiligo

Des fonds de teint très couvrants peuvent corriger le vitiligo de façon temporaire. Appliqués sur le visage, le cou et le décolleté, ils permettent de retrouver un teint plus homogène grâce à des formules riches en pigments qui, la plupart du temps, résistent à l’eau et à la sueur. Pour les petites lésions, un correcteur appliqué localement peut suffire à uniformiser la couleur de la peau, mais pour les formes de vitiligo plus étendues, un produit correcteur à appliquer sur tout le visage sera plus adapté.

L’autobronzant pour dissimuler le vitiligo

Les crèmes et lotions autobronzantes peuvent aider à colorer les zones de peau dépigmentée de façon éphémère, avec un résultat qui résiste à l’eau et qui peut durer plusieurs jours. Les molécules les plus communément employées sont la dihydroxyacétone (DHA) et l'érythrulose, qui réagissent avec les acides aminés des cellules épidermiques en développant une coloration de teinte et d'intensité variables. C’est une technique appréciée des phototypes clairs, même si elle demande une certaine dextérité car seules les lésions doivent être ciblées.

Références bibliographiques
  • (1) Xuan Y, Yang Y, Xiang L, Zhang C. The Role of Oxidative Stress in the Pathogenesis of Vitiligo: A Culprit for Melanocyte Death. Oxid Med Cell Longev. 2022 Jan 22;2022:8498472. doi: 10.1155/2022/8498472. PMID: 35103096; PMCID: PMC8800607.
  • (2) Chang WL, Ko CH. The Role of Oxidative Stress in Vitiligo: An Update on Its Pathogenesis and Therapeutic Implications. Cells. 2023 Mar 19;12(6):936. doi: 10.3390/cells12060936. PMID: 36980277; PMCID: PMC10047323.
  • (3) Chen J, Li S, Li C. Mechanisms of melanocyte death in vitiligo. Med Res Rev. 2021 Mar;41(2):1138-1166. doi: 10.1002/med.21754. Epub 2020 Nov 17. PMID: 33200838; PMCID: PMC7983894.

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